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01/01/2010

NOTE d'INTENTION, de Merzak Allouache

J’ai écrit cette histoire après avoir longuement travaillé à me documenter tant sur la base de témoignages directs, que sur des articles de presse, ou des rencontres diverses avec des jeunes concernant le problème dramatique et totalement nouveau que vit l’Algérie : le phénomène des clandestins surnommés « harragas » ou « brûleurs » qui fuient leur pays clandestinement pour échapper à la misère. Ce sont pour la plupart des jeunes gens, en Algérie les jeunes représentent plus de 80% de la population. Leur soif de vie est freinée par la difficulté du quotidien, du chômage et ils sont prêts à tout pour tenter de vivre ailleurs. Imitant les africains, les marocains, les tunisiens, des centaines de jeunes algériens franchissent régulièrement la méditerranée au risque de leur vie.

Lorsque j’ai commencé à écrire mon scénario, j’étais loin de me douter que ce problème allait prendre une telle ampleur pour devenir « une préoccupation nationale » censée interpeller les plus hautes autorités algériennes. Malgré des départs de plus en plus nombreux, des corps sans vie repêchés chaque semaine, des articles de presse virulents, la constitution d’associations de parents de jeunes disparus en mer, aucune véritable solution humaine et politique n’est envisagée pour circonscrire ce phénomène qui touche un pays pourtant riche par sa rente pétrolière.

La répression est telle qu’un jeune clandestin risque aujourd’hui cinq ans de prison pour tentative de traversée illégale de la méditerranée. Ces nouveaux boat people sont le symbole du drame que vit la jeunesse algérienne tiraillée entre l’islamisme radical qui crée le kamikaze, l’émeute collective qui embrase très souvent les villes et les villages, le suicide individuel ou la fuite en groupe par tous les moyens d’un pays qui semble figé et n’offre plus rien à ses enfants.

HARRAGAS est une fiction dont la seule ambition est de montrer la situation d’un groupe de ces jeunes désespérés qui décident de se lancer dans cette traversée périlleuse. Mis en scène dans la région où se passe l’histoire racontée, le tournage s’est déroulé dans des décors naturels, (village, cité, criques, plages de Mostaganem d’où embarquent régulièrement les brûleurs) qui sont le théâtre réel des évènements que je raconte.

J’ai effectué le casting parmi les jeunes acteurs du théâtre de Mostaganem. La majorité des interprètes du film vient de cette région. Ce film poursuit ma réflexion sur cette relation étrange, cette attraction répulsion qui existe entre l’Algérie et la France. Sur le phénomène de l’émigration qui ne cesse de prendre de l’ampleur en Algérie alors que ce pays est riche grâce à son pétrole. Harragas est dans la continuité de mes films qui parlent de la jeunesse algérienne, son mal de vivre, ses doutes, ses espoirs en une vie meilleure. Comme dans mes précédents films, c’est une histoire humaine que j’ai voulu raconter car l’odyssée dramatique de ces jeunes me touche profondément et me révolte.

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