En Eaux Troubles de Erik Poppe

En Eaux Troubles de Erik Poppe, et sorti en salles le 23 décembre 2009.

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Avec En Eaux Troubles, le cinéaste norvégien Erik Poppe signe un bouleversant mélodrame sur les répercussions de la mort d'un enfant du point de vue du bourreau et de la mère du petit garçon. C'est avec une infinie justesse que le réalisateur nous dépeint le funèbre trajet de ces deux individus unis par un drame qui a changé leur vie. Huit ans après les faits, les difficultés de réinsertion de l'assassin au lendemain de sa sortie de prison sont traitées en parallèle avec la manière dont la mère du défunt enfant va réagir lorsqu'elle découvre que le meurtrier a été liberté. L'articulation psychologique de ces deux protagonistes est décortiquée avec une pertinence rare, le réalisateur réussissant à nous émouvoir sans jamais tomber dans le misérabilisme ni les stéréotypes du genre. En Eaux troubles tient de l'équilibre audacieux et percutant entre analyses sociales, psychologiques et morales de deux personnages qui essayent de se réconcilier avec le passé pour mieux affronter leur propre destin.


En Eaux Troubles conte avec talent l’histoire d’individus qui essaient de se débarrasser de leur lourd passé et de leur destin commun. Un drame où la culpabilité et l’innocence, le bien et le mal s’entrechoquent de façon perturbante et contrôlent les vies de personnages dépeints avec empathie.

Plutôt qu'une approche esthétique froide, distanciée et ténue qu'un tel sujet pourrait convoquer, Erik Poppe déploie une esthétique paradoxalement enivrante, solaire et léchée. Chaque cadre est mis en image avec une infinie délicatesse, épousant le moindre tressaillement dans le regard des deux personnages principaux. Pål Sverre Valheim Hagen dans le rôle de l'assassin présumé Jan Thomas et Trine Dyholm dans celui de la mère meurtrie proposent une interprétation remarquable qui prend littéralement à la gorge. Chaque acteur déploie une palette émotionnelle tout en délicatesse et en sensibilité, si bien qu'on s'attache rapidement à Jan Thomas malgré le crime qu'il a commis. Son combat pour reprendre une vie « normale » est traversé par de nombreuses réflexions qu'il partage avec le pasteur (la superbe Ellen Dorrit Petersen) de l'église pour qui il joue de l'orgue. Il va s'attacher à elle jusqu'à en tomber amoureux. Une empathie soudaine émane de lui, surtout lorsque Jan se met à jouer divinement de l'orgue, enveloppant l'univers sonore d'une splendeur musicale renversante. À la manière d'un Keith Jarrett derrière son piano, le personnage de Jan Thomas rentre en transe à chaque fois qu'il se met à jouer. C'est bien le seul moment dans sa vie où il ne porte plus le poids de la culpabilité pour atteindre une transcendance émotionnelle et musicale.

Cependant, alors que Jan Thomas tente de se réapproprier son existence, sa libération anticipée va à nouveau bouleverser la vie de famille si fragile de la mère qui a eu tant de mal à se reconstruire après la perte de son unique enfant. Une grande partie du film s'attache donc à dépeindre les répercutions de cette libération anticipée qui semble aberrante. Le souvenir de son enfant refait surface et souligne à quel point son petit garçon est toujours présent. En eaux troubles prend à partie le spectateur qui est confronté à ces deux destins tragiquement unis.

Plus le récit avance, plus Jan Thomas est confronté à son passé malgré lui. Dans ce dessein, on remonte aux origines du drame à mesure que son crime refait surface, car il n'a jamais avoué les circonstances qui ont entraîné la mort de l'enfant. Que s'est-il véritablement passé ? Où est le corps du petit garçon ? Pourquoi l'avoir assassiné ? Autant de questions qui vont enfin trouver des réponses grâce à la réminiscence de flashbacks. Mais, c'est l'aveu de Jan qui reste le seul exutoire salvateur permettant à la mère de faire son deuil. À ce titre, le final est tétanisant, s'achevant dans un affrontement entre l'assassin et la mère de la victime. (Gaël Tison, dvdrama)

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Synopsis :

Libéré après une longue peine d’emprisonnement pour un crime qu’il nie avoir commis, Jan Thomas est prêt pour démarrer une nouvelle vie. Organiste virtuose, il joue dans une église d’Oslo qui lui offre une seconde chance. Grâce à son don pour la musique et sa gentillesse il gagne rapidement le respect de ses supérieurs et le coeur de la pasteure Anna à qui il ne dévoile rien de son histoire. Mais son passé le rattrape lorsqu’Agnès venue visiter l’église avec ses élèves reconnaît en lui le jeune homme qui fut des années plus tôt accusé du meurtre de son fils.

"En eaux troubles" conte avec talent l’histoire d’individus qui essaient de se débarrasser de leur lourd passé et de leur destin commun. Un drame où la culpabilité et l’innocence, le bien et le mal s’entrechoquent de façon perturbante et contrôlent les vies de personnages dépeints avec empathie.

"En eaux troubles" est le dernier volet de la trilogie réalisée par le Norvégien Erik Poppe.

Prix : Prix du Public au festival international de Hampton, Prix 2009 de la critique norvégienne. Plus de 100 000 entrées en Norvège.

" Il est rare qu'un  film soit si bien fait, conçu et réalisé avec autant de perfection qu'il vous emplisse de joie dès que vous le découvrez. C'est le cas avec cet incroyable film du réalisateur Erik Poppe." (Michael Moore)