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12/05/2009

FAUSTA, de Claudia Llosa

Nous avons l'immense plaisir de vous annoncer la sortie, le 17 juin 2009, du film FAUSTA (La teta asustada), de Claudia Llosa, Ours d'Or cette année à Berlin.


" La trame est légère, le propos grave, l'inspiration magique." (Jacques Mandelbaum, Le Monde)

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Les premiers retours de la presse

" La trame est légère, le propos grave, l'inspiration magique." (Jacques Mandelbaum, Le Monde)

" La comédienne Magaly Solier est belle et grave. Ses complaintes en langue quetchua sont à pleurer." (...) "Le premier long-métrage péruvien présenté au festival de Berlin méritait la récompense suprême." (Les Echos)

" Claudia Llosa a réalisé un film à la fois modeste et ambitieux sur la mémoire, et à travers celle-ci, l'acceptation du passé." (Libération)

" Fausta, le film lumineux venu des andes." (...) "Coincé entre les avant-premières cannoises et les blockbusters de l'été, le bouleversant Fausta, Ours d'Or en février dernier au Festival de Berlin, méritait bien notre coup de projecteur de la semaine" (...) "Fausta distille un charme vénéneux qui gagne rapidement le spectateur, envoûté par l'étonnante comédienne Magaly Solier. Une vraie belle découverte." (Métro)

" Un troublant portrait de femme." (L'Humanité Dimanche)

" La réalisatrice Claudia Llosa a beaucoup de talent." (Le Nouvel Observateur)

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LE MONDE
Révélé à la presse jeudi matin, La Teta asustada (littéralement : la mamelle effrayée), deuxième long métrage de la Péruvienne Claudia Llosa, a fait soudainement souffler le vent de la liberté, du talent et de la beauté.
La trame est légère, le propos grave, l'inspiration magique. Tout commence par la mort d'une vieille femme chantant une chanson d'une atroce beauté : celle des femmes indiennes violées durant les violences qui opposèrent le gouvernement péruvien aux révolutionnaires du Sentier lumineux.
Les exactions perpétrées de part et d'autre, de 1980 à 2000, firent 70 000 morts au Pérou, touchant principalement les indigènes. Cette toile de fond, familière à chaque Péruvien, le film s'en dégage aussitôt pour mieux en suivre les effets à travers son personnage principal, Fausta, la fille de la mourante.

Jeune et belle, celle-ci est atteinte du mal que les indigènes ont baptisé par le nom qui donne son titre au film, et qui frappe les enfants allaités par des mères ayant subi dans leur chair la violence de ces terribles années.
Fausta, interprétée par la délicate et sublime Magaly Solier,  [vit] dans un quartier misérable, en faisant des ménages chez une riche bourgeoise de la ville, concertiste réputée qui lui vole ses chansons et son âme. Sujette aux évanouissements incessants, terrifiée par la vie et par les hommes, cette beauté farouche développe aussi dans son utérus des excroissances qui évoquent des tubercules de pomme de terre.

Sans aller plus avant dans la description de l'histoire, on tient ici ce que ce film a de plus précieux : sa manière de mélanger le grotesque au tragique, la beauté à la cruauté, la poésie à l'obscénité. Entre le cadavre pourrissant de la mère et la joyeuse industrie du mariage qui sert de gagne-pain à la famille de Fausta, autant dire qu'on navigue ici, à la fois médusés et éblouis, en pleine monstruosité latino-américaine.
Claudia Llosa, la réalisatrice, née en 1976 à Lima, est la nièce de l'écrivain Mario Vargas Llosa, et a connu un beau succès d'estime avec son précédent film, Madeinusa, distribué en France en 2006.
Il faut impérativement retenir son nom, et inscrire désormais grâce à elle le Pérou sur la liste florissante de ce jeune cinéma d'Amérique latine qui se confronte, de film en film, à la question de l'aliénation.

Jacques Mandelbaum


PREMIERE
Surprise, c'est La Teta Asustada de Claudia Llosa qui remporte l'Ours d'Or. Selon les commentateurs, unanimes, cette évocation des viols au Pérou pendant les turbulences politiques des années 1980 a profondément bouleversé les festivaliers. Sans misérabilisme ni pathos, ce film décrit le quotidien d'une femme meurtrie, en plongeant dans la culture indienne et en mêlant tragique et grotesque, fantastique et réalisme. Cette récompense devrait mettre en lumière le talent de cette réalisatrice remarquée dès son premier film, et placer enfin le Pérou sur la carte du nouveau cinéma d'Amérique Latine.



CINEUROPA (article paru avant le Palmarès)
La Teta Asustada : tout sur ma mère et bien plus ...
Alors que le Festival de Berlin approche de sa fin, le film merveilleux qu'attendaient les festivaliers cette année en compétition est arrivé, via l'Espagne, du Pérou (c'est d'ailleurs le premier titre péruvien jamais choisi en compétition). La Teta Asustada, de Claudia Llosa, est un film beau, riche, captivant, complètement maîtrisé, auquel on serait bien en peine de trouver des défauts et qui émeut profondément mais avec tant de sobriété qu'il ne laisse pas de place aux larmes de crocodile.
Le titre original très imagé ("la teta asustada" signifie "le sein apeuré") renvoie au nom que le peuple péruvien donne à une maladie née pendant la guerre de la terreur chez les femmes violées et qui se transmettrait par le lait maternel. Fausta (interprétée par la très belle Magaly Solier, qui a aussi composé les chansons par lesquelles son personnage s'exprime souvent) l'a héritée de sa mère Perpetua la bien nommée, qui meurt dès la première scène. En attendant de réunir l'argent des funérailles, la fragile Fausta (si craintive que ses rapports avec les autres sont d'une subtilité et d'une délicatesse absolues et qu'elle a enfoui comme une tumeur une pomme de terre dans son corps pour en bloquer l'entrée à d'éventuels violeurs) apprend lentement à ne plus avoir peur et honte.

Ce film coloré qui commence par un décès est en fait un hymne à la vie où on assiste à plusieurs exubérantes noces. D'ailleurs, dans cette culture tout s'épouse : vie et mort même cohabitent (comme sont superposés robe de mariée et linceul sur et sous le lit) et la mort, avec ses petits vers, est rattachée à la fertilité.

Ce cycle va de pair avec la notion de transmission sur laquelle repose l'intrigue. Comme la pomme de terre ("qui renvoie aux racines et dans le même temps produit des germes qui prennent la direction de l'avenir", a souligné Llosa), Lima vit entre traditions et langue quechua d'une part et modernité de l'autre sans contradiction.

Avec tous ses personnages, l'inventivité de ses détails qui prennent souvent la valeur de symboles (comme la tombe creusée qui devient une joyeuse piscine), la subtilité du portrait qu'il fait d'une culture où les contraires comme les familles cohabitent harmonieusement et se protègent les uns les autres, sa musique, sa photographie, La Teta Asustada est une véritable boîte à trésors basée sur une "barbarie d'informations" (a plaisanté Llosa) soigneusement recherchées qui a déjà séduit le World Cinema Fund de Berlin dès le stade du scénario. Dans l'esprit du film, peut-être la Berlinale bouclera-t-elle la boucle avec une nouvelle récompense.

Bénédicte Prot


LE JOURNAL DE LA CULTURE
« La Teta asustada » constitue le haut niveau du cinéma d’auteur au féminin. (...)

Julien Welter

01/05/2009

Bande-Annonce du film FAUSTA

Télécharger le FA en haute déf en cliquant ici.

NOTES DE REALISATION

Comment communiquer dans un pays divisé ? Comment créer une nation à partir d’un pays composé d’individus culturellement différents ? Comment une nation peut-elle se constituer après une rupture et un traumatisme aussi violents? FAUSTA est la métaphore d’une déchirure. Un pays qui a connu la répression et qui ne peut s’exprimer que par ce qui relève de l’inconscient : ses mythes, ses  peurs et ses traumatismes. Le
corps d’une femme qui saigne exprime le vide qui demande à être habité, l’angoisse qui appelle à être apaisée, la peur de rencontrer quelque chose de différent, de perdre le contrôle. Nous vivons dans un pays réprimé, désorienté dont le témoin principal est le corps.
Mais la mémoire n’est pas le seul enjeu de ce combat. Par quel processus parvient-on à enterrer un passé aussi douloureux ? Un effort de pardon est demandé et nous tentons de préserver l’histoire d’une culture orale réprimée par la culture officielle. Le chant est un mode d’expression particulièrement important pour notre peuple car il nous permet de recréer la mémoire de ce que nous avons oublié.
Mais une mémoire écrite incomplète ne détruit pas la richesse de l’histoire d’un peuple. Elle n’élimine pas non plus son chagrin. En revanche, elle augmente son besoin de s’ exprimer. Le monde andin cherche à se renouveler au travers de festivals, de rituels et de chansons qui opèrent un
retour de la mémoire réprimée dans une forme allégorique. C’est le talent d’une culture naissante, moderne et créative, qui venant des Andes pillées par le terrorisme, manifeste une capacité extraordinaire pour entrer dans un monde qui ne reconnaît ni
sa diversité ni le respect de l’autre.
FAUSTA est un film sur la question de la mémoire non résolue, violente, personnelle et collective. L’histoire d’un fardeau imposé, d’une répression cachée et au final l’histoire d’une guérison. Au delà de la guerre et de ses dégâts, Fausta doit reprendre confiance en elle pour guérir. Mais
ce n’est pas facile, le seul moyen est de se confronter directement au mal. Comme le dit le Minotaure : «  Il n’y a qu’une façon pour tuer le monstre, l’accepter. » Le cheminement de Fausta dans le film est par extrapolation celui que vit le Pérou après une
époque obscure et difficile où la peur, la violence et l’ignorance ont régné pendant des décennies ; mais où perdure encore la sensation de vouloir croiser les doigts en espérant avoir appris la leçon. Et nous ne l’avons peut-être pas encore apprise.
Ce film propose d’être critique avec nous-mêmes, avec nos mécanismes de défense et d’être disposés à affronter les causes de la blessure pour pouvoir commencer à la guérir.

Claudia Llosa